Bulletin de la Société de Géographie : 4ème trimestre 1885

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VOYAGE DANS L'ÉQUATEUR ET LE P É R O U .

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que le pueblo, dans une belle plaine couverte d'immenses ruines sur les bords de la rivière de Guambo, qui est ici très encaissée. Nous y établîmes notre campement pour y rester deux jours. Les ruines de la plaine consistent en maisons de forme carrée. Les murailles, bâties avec de grosses pierres sans aucune espèce de mortier, sont encore dans un état parfait de conservation. Les rues sont longues et d'une largeur moyenne de 8 à 10 mètres. Toutes ces constructions rappellent parfaitement celles de Valladolid. En avançant dans les montagnes, on découvre les vestiges d'une très ancienne et remarquable civilisation. J'arrivai ensuite sur un immense rocher entouré de précipices. Jadis s'élevait ici un magnifique monument dont il reste à peine les murailles très épaisses et encore hautes de 10 mètres. Le monument mesurait environ 250 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur. Les murs sont entièrement en pierres de taille fort grandes; quelques-unes sont énormes. On y voit des sculptures et des hiéroglyphes d'une grande beauté que, faute de temps, je ne pus dessiner. Je visitai aussi dans les environs de notre campement un vaste souterrain. Grand fut mon étonnement d'y trouver un magnifique escalier et, de distance en distance, des portes murées et d'innombrables objets. Je montai l'escalier avec les plus grandes précautions, de peur des serpents et d'autres animaux, mais je n'osai m'aventurer jusqu'en haut, car plus j'avançais, plus le nombre des chauves-souris augmentait. Je redescendis donc en maugréant de ne pouvoir aller jusqu'au bout. Aucun de mes guides n'eût voulu m'accompagner; j e crois même qu'on ne trouverait pas dans tout le Pérou un Indien qui consentît à explorer une caverne. Ils prétendent que le diable ou les animaux malfaisants qui y font leur refuge leur donneraient une maladie L'antimonio c o m m e n c e , qu'ils appellent 1'antimonio. disent-ils, par un mal de tête suivi d'une hémorrhagie générale, finalement de la mort. Mes Indiens, fort étonnés de me


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