Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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CHRISTOPHE COLOMB. de se rendre auprès de lui. Il se hâta de répondre à cette invitation ; mais le court trajet qu'il lui fallut faire pour aller trouver le cacique faillit être bien funeste à l'expé dition et à son illustre chef. Colomb était parvenu à un cap où, profitant d'un temps calme, il fit carguer les voiles à la distance d'une lieue environ de la terre. Depuis deux jours il n'avait pas goûté un m o m e n t de repos. Accablé de fatigue, l'amiral alla se jeter sur son lit vers minuit, après avoir ordonné au pilote à qui il confiait le gouvernail de ne pas le quitter. A peine fut-il endormi que l'équipage, croyant n'avoir aucun danger à craindre, suivit l'exemple de l'amiral ; le pilote lui-même, partageant cette sécurité fatale et oubliant les ordres de Colomb, mit un mousse à sa place ; il alla se reposer comme les autres, de sorte que le bâtiment était abandonné à l'inexpérience d'un jeune h o m m e . Pendant que tout le monde dormait à bord, moins le mousse, le vaisseau était insensiblemeut entraîné par le courant vers la côte. Soudain il fut ébranlé par une secousse si violente, que le mousse, épouvanté, abandonna le timon, en poussant de grands cris. Réveillé en sursaut, Colomb accourt sur le tillac, aperçoit les rochers qui hérissent la côte, et ne tarde pas à reconnaître que le navire est échoué. La confusion, la terreur et le désespoir régnent à bord ; l'amiral, conservant seul sa présence d'esprit et son sang-froid, cherche les moyens de sauver le navire. Par son ordre, quelques hommes de l'équipage s'élancent dans la chaloupe pour jeter, à une certaine distance, u n e ancre au moyen de laquelle on puisse touer le bâtiment, c'est-à-dire le faire avancer et le dégager du milieu des rochers ; mais ils sont si effrayés qu'ils ne


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