Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.

des Espagnols à son égard, elle s'exprima sur le compte de ces étrangers avec tant d'enthousiasme, qu'ils accoururent aussitôt sur le rivage, pour voir et obtenir quelques-uns de ces objets précieux que cette femme avait apportés. Les Indiens ressemblaient, par leur ligure et par leurs mœurs, aux habitants de Guanahani et de Cuba ; comme eux, ils étaient nus : leur visage avait la couleur du cuivre ; chez eux, même timidité, même ignorance, même douceur. Tout ce qu'ils voyaient excitait leur surprise, qu'ils exprimaient par des paroles inintelligibles pour les Européens, et par u n e pantomime très-animée. Ils semblaient croire que les Espagnols n'étaient pas des hommes, mais des êtres d'une nature divine. Dans leur parure, il y avait plus d'or que dans celle des autres insulaires ; mais, comme eux, ils estimaient si peu ce métal, qu'ils étaient au comble du bonheur quand ils pouvaient échanger de l'or contre des grains de verre, des sonnettes et d'autres bagatelles de cette espèce. Lorsque Colomb les questionna pour connaître le lieu où l'on trouvait de l'or, ils désignèrent l'orient. Cette nouvelle indication décida Colomb à remettre aussitôt à la voile; il partit avec l'espoir de découvrir bientôt une inépuisable source de richesses. Aussitôt que l'amiral eut l'ail mouiller ses navires dans une autre baie de l'île, il vit venir vers lui le cacique de la contrée : ce chef avait pris des informations sur les hommes blancs, et s'était empressé de faire une visite à l'amiral ; il marchait accompagné d'une escorte nombreuse ; il était porté dans un palanquin que quatre hommes soutenaient sur leurs épaules. Ce palanquin ressemblait un peu aux chaises à porteurs en usage en Europe : mais ce souverain n'avait pas de vêtements ; il était nu comme ses sujets.


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