Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.

derait avant le terme fixé par la convention. Déjà la sonde, qui avait atteint le fond depuis trois jours, s'enfonçait dans la vase ; puis des milliers de petits oiseaux auxquels l'exiguïté de leur envergure ne permettait pas de s'éloigner beaucoup des côtes, volaient vers l'ouest ; un buisson chargé de son fruit rouge et encore frais fut retiré de la mer ; puis l'air devenait moins vif et le vent moins variable, principalement aux approches de la nuit : c'étaient autant de présages annonçant que l'on touchait enfin au terme de cette longue et laborieuse navigation, et que Colomb allait recevoir le prix de sa constance héroïque. Telle était la certitude de l'amiral relativement au voisinage de la terre, que, le lendemain, dans la soirée, il recommanda à ses compagnons de rendre grâces à Dieu, qui leur avait donné une preuve aussi éclatante de sa protection dans une entreprise aussi hasardeuse ; puis il prescrivit toutes les mesures que pouvait conseiller la prudence. Ainsi il exigea qu'on carguât les voiles, car il craignait avec raison que, pendant la nuit, les bâtiments ne fussent jetés sur la côte, où ils courraient risque de se perdre. L'amiral rappela de nouveau à ses compagnons la promesse d'Isabelle en faveur de celui qui apercevrait le premier le nouveau continent : il devait être gratifié d'une pension viagère d'environ trois cent douze écus d'Espagne, et recevoir, en outre, au nom de la reine, une m a n t e de velours. Pendant toute la nuit, les officiers, les matelots et les soldats restèrent debout sur le tillac de leurs navires, en proie à la plus vive agitation ; ils ne détournaient pas leurs regards du côté où ils espéraient apercevoir cette terre si longtemps attendue.


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