Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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CHRISTOPHE COLOMB.

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poissons volants qui s'élevaient au-dessus des flots ; il y en eut qui vinrent s'abattre sur le pont, où, saisis, examinés avec attention, ils ne pouvaient lasser la curiosité excitée par la longueur de leurs nageoires bizarres qui leur servaient d'ailes. Le soir, on vit la mer couverte d'herbes, et, de l'ensemble de ces circonstances, l'équipage concluait que l'on était sur le point de d é couvrir la t e r r e . Mais le jour et la nuit se succèdent encore, et plus on avance dans cet Océan sans limites, plus la terre semble s'éloigner devant les vœux impatients des compagnons de Colomb. Alors l'esprit de sédition se réveille à bord des trois navires ; bientôt elle éclate, et, cette fois, les officiers, qui étaient restés fidèles à Colomb, font cause commune avec les m a t e lots. Il se présente aux révoltés ; il veut recourir aux moyens qui lui ont déjà réussi auprès d'eux ; mais ils ne veulent plus l'écouter : leurs cris couvrent sa voix ; on l'insulte, on l'outrage, on le menace de la mort, s'il ne fait pas reprendre immédiatement à l'expédition le chemin de l'Espagne. 11 fallait céder ou mourir : céder, c'était s'en aller recueillir les risées de tout un peuple, se vouer à un opprobre éternel ! La mort lui paraissait mille fois préférable à la honte du retour en Espagne ; mais les révoltés voulaient une prompte réponse. Colomb leur' d e mande encore trois jours de résignation et d'obéissance : si, dans cet intervalle, un continent n'est pas découvert, il s'engage à les ramener en Espagne. Ces conditions sont acceptées, et des protestations mutuelles en garantissent de part et d'autre l'exécution. Mais Colomb était sans i n q u i é t u d e ; les indices du voisinage de la terre devenaient de plus en plus n o m breux, et donnaient à l'amiral la certitude qu'il abor-


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