Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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PIZARRE.

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à Cubagna, située non loin des côtes de Terra-Firma. De là il s'empressa de se rendre en Espagne, où il obtint le succès qu'il s'était promis de sa conduite perfide à l'égard de Gonzalez. Le récit de son aventure excita une surprise générale ; mais, profitant de cette heureuse disposition des esprits à ajouter foi à ses paroles, il eut recours au mensonge et ajouta le merveilleux à la vérité. Tous les contes qu'il imagina, dans l'intérêt de sa vanité, jouirent longtemps d'un grand crédit, et c'est de nos jours seulement que la science en a fait justice. Orellana assurait que, dans les contrées qu'il avait traversées, l'or et les pierreries étaient aussi abondants que chez nous les cailloux ; suivant lui, d'autres pays n'étaient habités que par des femmes guerrières dont la force égalait le courage, ce qui fit appeler le pays arrosé par le Maragnon Pays des Amazones, et le fleuve lui-même Rivière des Amazones, noms qu'ils ont conservés. Une de ces contrées, qu'on ne désigne pas, fut prise pour le pays de l'or, et on la nomma Eldorado. Les premiers qui prouvèrent la fausseté des assertions d'Orellana furent la Condamine, savant français qui parcourut tout entier le pays dit des Amazones ; et, après lui, madame Godin, que son dévouement pour son mari détermina à entreprendre ce pénible voyage. Cependant Gonzalez était arrivé au confluent du Napo et du Maragnon, où il espérait trouver Orellana avec les cinquante hommes qu'il commandait et une provision de vivres ; mais quel fut son douloureux étonnement lorsqu'il n'aperçut ni barque ni détachement ! Loin de concevoir des soupçons sur les causes de l'absence d'Orellana, il crut que quelque accident avait forcé cet officier à descendre un peu plus bas, et il résolut de continuer à marcher le long des rives du fleuve ; mais il rencontra


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