Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.

3 août 1492, et s'éloigne au bruit des acclamations d'une foule immense qui le suit de ses regards et l'accompagne de ses espérances. Fidèle à son plan, Colomb se dirigea vers les Canaries. Le lendemain de son départ, un accident de peu d'importance aurait pu compromettre le succès de son entreprise, s'il eût partagé la faiblesse superstitieuse de ses compagnons : la Pinta eut son timon cassé, et l'on crut m ê m e que ce fut par un calcul du pilote, qui, épouvanté des chances de l'expédition, espérait forcer Colomb à retourner vers les côtes d'Espagne. En effet, à la vue du timon brisé, l'équipage poussa un cri de désespoir ; il voyait dans cet accident le plus funeste présage ; tous les hommes de la Pinta entourent Colomb : « C'en est fait de nous, s'écrient-ils, si nous ne rebroussons pas chemin aussitôt. En Espagne ! en Espagne ! — Quel motif vous fait donc, leur demanda Colomb, exprimer un tel vœu ? Compagnons, qu'avez-vous fait de votre courage ? — Eh quoi ! le ciel n'a-t-il pas pris soin, répond l'équipage, de nous avertir du sort qui nous attend, des malheurs dont nous sommes menacés, si nous voulons continuer un voyage d'une témérité dangereuse? — Comment, réplique Colomb, un accident si commun en mer pourrait-il être considéré comme un avis de Dieu, comme un pronostic de malheurs et de périls ? Savez vous, mes amis, ce que signifie un timon brisé? il signifie qu'il faut le réparer ; à l'ouvrage donc, et dans quelques heures la Pinta pourra braver tous les vents, affronter tous les orages. — Notre amiral, se disaient entre eux les matelots à voix basse, est un h o m m e d'une forte trempe ; il est à l'épreuve des présages, il ne veut pas y croire. »


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