Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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PIZARRE.

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mais on adoucit son supplice, parce qu'il consentit à recevoir le baptême. Certes, la conduite de Pizarre fut infâme ; mais, dans le sort éprouvé par Atahualpa, ne peut-on pas voir une sorte d'expiation par laquelle la justice de la Providence le punissait de sa cruauté envers son frère Huascar, qu'il avait fait assassiner peu de temps avant le retour d'Almagro, et toute la famille des Incas qu'il avait immolée à son ambition sanguinaire ? Il laissait plusieurs enfants et deux frères : Pizarre voulut lui donner pour successeur sur le trône des Incas un de ses fils; il espérait faire servir ce fantôme de roi a. l'exécution de ses projets de conquête. Les frères et sœurs de cet enfant étaient alors à Quito. Atahualpa les avait confiés à la garde d'un général péruvien n o m m é Ruminagui, et, avant de mourir, l'Inca lui avait envoyé un officier pour les recommander de nouveau à sa vigilance et à son dévouement. Les officiers d'Atahualpa lui apportèrent aussi son cadavre afin qu'il lui fît faire des funérailles dignes du rang qu'il avait occupé. Mais le général péruvien, ingrat et féroce tout à la fois, fit étrangler les enfants du malheureux prince, et massacrer tous les officiers qui s'étaient rendus à Quito pour assister à ses funérailles. Pendant que Ruminagui se baignait, à Quito, dans le sang des enfants d'Atahualpa et de ses plus fidèles serviteurs, un autre général non moins ambitieux que lui faisait proclamer Inca, à Cusco, mais seulement pour la forme, un des frères de Huascar, n o m m é Pauli. Ce général s'appelait Quisquiz. Dans les autres parties de l'empire, d'autres chefs cherchaient à profiter des troubles pour s'emparer du pouvoir. Partout régnaient le désordre et l'anarchie.


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