Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE,

partage du surplus donna huit mille piastres à chaque cavalier et quatre mille à chaque fantassin, La piastre ou pièce de huit valait alors vingt réaux d'argent, ou un peu plus de cinq francs de France. Toutefois, nous devons rappeler au lecteur qu'à cette époque dix écus équivalaient à cent d'aujourd'hui. Ainsi il est facile de se faire une idée de l'enivrement qu'éprouvèrent ces hommes, recrutés pour la plupart parmi les vagabonds et les mendiants de l'Espagne, lorsqu'ils se virent possesseurs de si grandes richesses. Un certain nombre d'entre eux témoigna à Pizarre le désir de retourner en Espagne, afin d'y jouir paisiblem e n t de la fortune qu'ils avaient acquise au P é r o u ; Pizarre ne crut pas devoir les retenir, car il pensait avec raison qu'il ne pouvait plus compter sur le concours d'hommes dont la cupidité était satisfaite. Almagro arriva à Caxamalca avec le renfort attendu. Mais à peine fut-il arrivé, qu'il s'éleva entre lui et Pizarre des discussions fâcheuses : Almagro se plaignit de l'inégalité du partage du butin, et, quoiqu'on eût mis en réserve pour lui et ses compagnons une somme considérable, il reprochait à Pizarre de s'être adjugé la portion la plus grosse. Mais Pizarre parvint, par des présents et des promesses, à calmer le ressentiment de son associé, et la réconciliation de ces deux hommes parut sincère. Cependant Atahualpa avait fourni la quantité d'or stipulée pour sa rançon, et il était encore prisonnier. Bien loin de lui rendre la liberté, les Espagnols n'avaient pas m ê m e pour lui les égards que l'on doit au malheur : abreuvé d'humiliations, on ne répondait à ses plaintes que par de nouveaux outrages. Tous les Espagnols, ceux d'Almagro comme ceux du parti de Pizarre, désiraient être débarrassés de ce pri-


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