Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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PIZARRE.

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d'une position aussi affreuse et de gagner la terre ferme. I1 commença à travailler, avec ses compagnons, à la construction d'un radeau, seule ressource qui restât à leur désespoir; mais, au m o m e n t où ils se livraient avec ardeur à ce travail difficile, on signala un vaisseau qui s'avançait à toutes voiles du côté de l'île. Il y aborda bientôt. Son arrivée excita des transports de joie, car il avait été expédié de P a n a m a par les associés de Pizarre, qui en avaient arraché la permission au nouveau gouverneur. Pizarre et ses quatorze compagnons montèrent à bord de ce vaisseau, et firent voile au sud-est, vers les côtes du Pérou. Après une navigation de vingt et un jours, on mouilla dans la baie de Tumbez, ville péruvienne. A peine les Espagnols y eurent-ils jeté l'ancre, que plusieurs P é ruviens accoururent en témoignant la surprise que leur causait la vue du vaisseau et d'hommes blancs et barbus; ensuite s'approchèrent dix ou douze canots montés par des Péruviens qui apportaient aux Espagnols des rafraîchissements de toute espèce, renfermés dans des vases d'or et d'argent ; ils leur étaient envoyés par le cacique, qui les lit inviter en môme temps à débarquer. Tous voulaient descendre à terre, mais Pizarre n'en accorda la permission qu'à un Espagnol et à un nègre. La couleur différente de ces deux étrangers étonna les Péruviens, dont la couleur est celle du cuivre ; alors ils firent u n e épreuve singulière sur la figure du nègre, et se mirent à la laver pour tâcher de la rendre blanche. L'inutilité de leurs efforts ne fit qu'augmenter leur étonnement et leur admiration. Les deux envoyés de Pizarre furent accueillis partout avec une grande bienveillance ; partout u n e hospitalité cordiale leur offrait des vivres et s'empressait à


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