Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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CHRISTOPHE COLOMB.

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sion sur l'esprit de cette princesse. Mandé immédiatement à la cour, Colomb fut reçu avec bonté par la reine, et déjà les amis du navigateur le félicitaient d'un succès inattendu, quand la faiblesse de Ferdinand vint encore tromper l'espoir de Colomb. Ce prince soumit de nouveau les plans du Génois aux mêmes h o m m e s qu'il avait déjà consultés sur le même objet; leur réponse fut u n nouvel arrêt de condamnation prononcé contre celui qu'ils appelaient l'aventurier italien, et Ferdinand ne voulut plus, dès lors, entendre parler de l'entreprise de Colomb; sa protectrice elle-même, la reine Isabelle, ordonna que toutes les négociations fussent rompues avec lui. Le voilà donc de nouveau en butte aux dédains, aux sarcasmes des courtisans, car il y a toujours auprès des princes des hommes pervers qui se font u n jeu et une étude de la calomnie, et qui, rampant aux pieds de leurs maîtres, cherchent à leur arracher un sourire approbateur en bafouant l'homme de mérite qui a encouru leur disgrâce. Les envieux, qui peut-être avaient déjà le pressentiment de la brillante destinée réservée à Colomb, ne l'épargnèrent pas. Ainsi abreuvé de dégoûts, accablé d'outrages, il devait succomber sous le poids de l'adversité; mais son âme était plus forte qu'elle : il se disposa à faire une dernière tentative auprès du roi d'Angleterre, et à lui offrir une partie du monde dédaignée par trois États. La nouvelle de la prise de Grenade par les Espagnols surprit Colomb au milieu de ses préparatifs de départ; cette conquête de Ferdinand et d'Isabelle avait détruit l'empire des Maures en Espagne, et un si brillant succès parut à deux amis de Colomb une occasion heureuse pour rappeler l'attention d'Isabelle sur les projets du


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