Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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CORTEZ.

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tillerie, des munitions et des bagages ; les trésors amassés furent presque tous également perdus. Un nom qui caractérise cette affreuse défaite en a immortalisé le souvenir : la nuit si fatale aux Espagnols est encore appelée aujourd'hui dans la Nouvelle-Espagne la nuit de la désolation. Ce fut à Tamba que les Espagnols fugitifs firent halte pour la première fois, depuis leur départ de Mexico; mais ils ne s'arrêtèrent pas longtemps dans cet endroit; ils ne pouvaient compter que sur l'hospitalité des Tlascalans ; mais, pour arriver à leur ville, il leur fallait côtoyer toute la partie septentrionale de la grande mer du Mexique, et les Espagnols se trouvaient alors dans la partie occidentale ; il leur fallait traverser des pays inconnus, et où ils n'espéraient pas trouver les rafraîchissements qui étaient si nécessaires aux troupes fatiguées par une longue marche. Cependant c'était le seul parti que p û t prendre Cortez pour sauver les restes de son armée ; il se dirigea donc vers Tlascala. La marche des Espagnols, à travers des solitudes immenses, où ils ne trouvaient pour se nourrir que des graines sauvages, des racines et des tiges vertes de blé d'Inde, fut signalée par d'horribles souffrances. Les troupes espagnoles marchaient ainsi depuis cinq jours ; mais elles n'étaient pas encore arrivées au terme de leurs maux. La jeune Marine, qui, ainsi qu'Aquilar, avait échappé au désastre de la nuit funèbre, avait souvent entendu les Mexicains s'écrier, dans leurs attaques multipliées contre les Espagnols : « Marchez, brigands, marchez vers le lieu où vous recevrez la récompense de vos forfaits. » Le sens de ces paroles était u n e énigme dont on ne sut le mot que le sixième jour, lorsqu'on eut atteint Orumba. Parvenus sur une hauteur voisine de


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