Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

Page 318

298

DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.

Rassemblant cent hommes environ, il s'efforça de s'ouvrir un passage jusqu'à la seconde, et puis jusqu'à la troisième ouverture de la digue. Le succès couronna son courage. Les corps de ceux qui avaient été tués servirent à combler les ouvertures, et au moyen de ces ponts de cadavres il atteignit enfin la terre ferme. Mais que lui importe son propre salut ? Le danger de la plus grande partie de ses soldats le rappelle sur le théâtre du deuil et du carnage ; il choisit, parmi les hommes qui viennent de s'échapper avec lui, ceux qui ne sont pas encore blessés, et retourne au poste du péril; il est réjoint par une partie de ses compagnons, qui étaient restés sur la digue, et qui avaient suivi la route qu'il avait frayée. Mais, hélas ! il y a encore d'autres malheureux à sauver ; il entend les cris lugubres des Espagnols tombés vivants entre les mains d'un ennemi féroce, qui les conduit au temple pour les immoler devant les autels des divinités. Cortez veut aller les délivrer ; c'est en vain qu'il s'efforce de percer jusqu'à eux : il est arrêté par un obstacle infranchissable, et il faut qu'il borne ses efforts à protéger, à assurer la retraite du petit nombre des soldats qui survivent à ce grand désastre. Quand l'aurore parut, Cortez put juger de l'étendue de ses pertes, et versa des larmes en voyant combien il lui manquait de ses valeureux compagnons d'armes. La plus grande partie de ses troupes avait péri sous le fer ennemi, ou avait trouvé la mort dans les eaux du lac; deux mille Tlascalans avaient succombé avec plus de la moitié des Espagnols. Au nombre des morts, on comptait Velasquez de Léon et plusieurs des plus intrépides officiers ; presque tous ceux qui restaient étaient couverts de blessures ; on n'avait pu rien sauver de l'ar-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.