Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

Page 301

CORTEZ.

281

a expié ton crime. » Puis il ordonna qu'on le débarrassât de ses fers. Alors Montézume passa du désespoir à la joie la plus vive ; il remerciait, il embrassait le général, comme son libérateur. La puissance des Espagnols semblait assez solidement établie à Mexico ; mais le prudent Cortez s'y voyait toujours enfermé comme dans une île, et songeait sans cesse au moyen de s'ouvrir une route pour sortir de la capitale, môme dans le cas où les Mexicains viendraient à rompre les digues. Aussi, dans ses entretiens avec Montézume, lui parlait-il souvent de la construction extraordinaire des vaisseaux européens ; il tachait d'intéresser sa curiosité, et de lui faire témoigner l'envie de voir ces merveilleux navires. Montézume ayant enfin manifesté ce désir, Cortez lui promit cette satisfaction, et, par ordre de l'empereur, un nombre suffisant de portefaix fut envoyé à la Vera-Cruz pour transporter de ce lieu les débris des vaisseaux espagnols, qui y étaient conservés, jusqu'à Mexico. D'autres ouvriers allèrent couper dans les forêts voisines les bois nécessaires, et en peu de temps se trouvèrent construits deux brigantins, sur lesquels on promenait quelquefois le monarque charmé. Le général espagnol mettait à profit ces courses, afin d'étudier la situation du lac et de tous les lieux environnants. Ainsi que nous l'avons vu, Montézume s'était montré très-docile à toutes les exigences de Cortez. Mais un jour il manda Cortez auprès de lui. Celui-ci, qui n'ignorait pas les entrevues secrètes de son prisonnier avec les prêtres et les principaux de la nation, prit les précautions qu'autorisait sa juste défiance. Il se présenta chez Montézume avec douze de ses plus braves compagnons ; l'air sombre qu'il remarqua sur la figure 16.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.