Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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CORTEZ.

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Vertes et j a u n e s ; des anneaux d'or, montés en pierres vertes, pendaient à ses oreilles et à sa lèvre inférieure. Son visage était noir comme du jais ; sa main était armée d'un couteau formé d'un caillou large et pointu. Il était assisté de cinq autres prêtres, qui avaient chacun leurs fonctions particulières. On immolait les prisonniers sur u n e large pierre. Détournons nos regards de ces horribles tableaux d'une superstition barbare, et voyons comment Gortez va se tirer de la position périlleuse dans laquelle l'a engagé son audacieuse entreprise ; car il ne tarda pas à s'apercevoir que lui et son armée étaient en quelque sorte à la merci d'une population innombrable et d'un prince dont la bienveillance lui paraissait peu sincère. Les avis que lui avaient donnés les Tlascalans, leurs exhortations incessantes pour qu'il se défiât de Montézume, avaient enfin éclairé le général espagnol sur les dangers de sa situation ; il suffisait en effet de rompre les ponts établis sur les digues pour qu'il se trouvât entièrement séparé de la terre, et alors comment aurait-il pu résister aux attaques d'un peuple tout entier, qui aurait fini par écraser cette poignée d'étrangers, malgré leur courage ? Un événement fâcheux, arrivé à la VeraCruz, augmenta encore l'inquiétude de Cortez. Il apprit qu'après son départ un général américain, nommé Qualpopoca, avait attaqué les peuples qui avaient secoué le joug de Montézume et s'étaient placés sous la protection des Espagnols; qu'Escalante, gouverneur de la VeraGruz, avait voulu secourir les alliés, et qu'il avait été mortellement blessé dans une bataille livrée à Qualpopoca ; que sept Espagnols y avaient péri, et qu'un autre, fait prisonnier par les Mexicains, avait été mis à mort. Cortez apprit en outre que la tête de ce soldat avait été 16


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