Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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CORTEZ.

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qu'ils élevaient de temps en temps avec une gravité solennelle, précédaient cette troupe. Chaque fois que les magistrats élevaient leurs bâtons, le peuple se prosternait, en se cachant la figure avec ses mains, comme s'il se fût jugé indigne de lever les yeux sur la majesté de son souverain. Lorsque cette troupe fut arrivée auprès des Espagnols, Cortez descendit de cheval, et s'avança respectueusement à la rencontre de Montézume. Au même moment, l'empereur, se levant de sa chaise et descendant de son brancard, s'avança lentement vers Cortez, en marchant sur des tapis que sa suite étendait sur son chemin, afin que son pied ne touchât pas la terre. Cortez salua le monarque suivant la forme européenne, et Montézume répondit à ce salut en baisant sa propre main, qui avait d'abord touché la t e r r e ; c'est le signe, ainsi qu'on l'a vu plus haut, du respect chez ces peuples ; aussi les Mexicains parurent-ils fort surpris de voir un monarque aussi fier, qui ne saluait les idoles que d'un mouvement de tête, honorer par un tel hommage des étrangers, et ils ne doutèrent plus qu'ils ne fussent des dieux; le mot teules, qui dans la langue mexicaine signifie dieux, était souvent répété par les spectateurs nombreux de cette scène. Quand le général espagnol et le monarque eurent échangé entre eux des compliments, le premier détacha une chaîne de pierres fausses qu'il portait sur son armure, et la passa au cou de Montézume, qui parut trèssatisfait de ce présent. Aussitôt l'empereur se fit apporter la pièce la plus précieuse de son trésor : c'était un collier fait de coquillages très-rares ; à chaque bout de ce collier étaient suspendues quatre écrevisses. Il mit aussi cet ornement au cou de Cortez, ce qui redoubla la surprise des Mexicains.


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