Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.

que le cacique de Cempoalla et celui de Quiabislan avaient des droits à la clémence de l'empereur, et que leur conduite à l'égard des Espagnols avait été telle que la prescrivaient les devoirs d'une généreuse hospitalité; car ils s'étaient efforcés de réparer les torts dont Teutile s'était rendu coupable, par son insolence, à l'égard du général des étrangers; enfin, que, touchant la question de leur départ, l'empereur devait savoir que leur chef ne pouvait s'éloigner et retourner dans sa patrie avant d'avoir eu une entrevue avec le souverain du Mexique; que, du reste, les guerriers d'Europe ne reculaient devant aucun péril, lorsqu'il s'agissait d'exécuter les ordres de leur maître. Le sang-froid et l'air majestueux du général imposèrent aux ambassadeurs, qui s'empressèrent de retourner auprès de l'empereur pour lui annoncer la réponse de Cortez. Celui-ci, déterminé à se rendre dans la capitale du Mexique, s'occupa des préparatifs militaires de cette aventureuse expédition ; mais son zèle aveugle pour les intérêts de la religion faillit compromettre un succès que tout jusque-là semblait lui rendre très-facile. Ayant été informé qu'on devait faire un sacrifice humain dans un temple de ses alliés, il y accourut avec quelques soldats, et menaça de mettre tout à feu et à sang, si les prisonniers qui allaient tomber sous le couteau des prêtres n'étaient mis sur-le-champ en liberté. Toutefois, cette mesure était excusable, et l'humanité la justifierait au besoin ; là devait s'arrêter le zèle du général ; mais il voulut que les idoles fussent brisées par les prêtres , et forcer ces ministres d'un culte barbare à renoncer à leurs superstitions. Cortez oubliait que ces hommes ne connaissaient pas encore une religion meilleure que celle qu'il leur ordonnait d'abjurer.


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