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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.
aussi favorable pour faire légitimer son commandement : car son autorité pouvait être discutée et gravement compromise, depuis que Velasquez avait révoqué les pouvoirs qu'il lui avait confiés. Comme il se proposait de fonder u n e colonie, il créa pour elle une cour de justice, qu'il eut soin de composer d'hommes dévoués à ses intérêts. Lorsque cette cour fut établie, et que le général y eut installé les nouveaux magistrats, il se présenta devant eux, ayant à la main son bâton de c o m m a n d a n t ; et, affectant un profond respect pour la cour, il lui adressa le discours suivant : « A compter de ce jour, Messieurs, j e vous regarde c o m m e les représentants et les délégués de notre auguste souverain; vos jugements auront donc toujours à mes yeux l'autorité des plus saintes lois. Sans doute, vous êtes pénétrés de la nécessité, pour notre armée, d'avoir à sa tête un général dont le pouvoir ne soit pas subordonné au caprice du soldat; or mon autorité est, en quelque sorte, à la merci de son inconstance. Depuis que le gouverneur de Cuba m'a retiré les fonctions dont il m'avait chargé, on peut contester mes droits au comm a n d e m e n t ; voilà ce qui m'engage à le déposer entre vos mains. Maintenant, Messieurs, choisissez, nommez c o m m a n d a n t , au nom du roi, l'officier qui vous paraîtra le plus digne de cet honneur. Quant à moi, je suis prêt à donner à mes compagnons, comme simple soldat, l'exemple de l'obéissance due à celui que vous aurez choisi pour votre commandant. » En prononçant ces dernières paroles, il inclina son bâton de c o m m a n d a n t ; il le présenta avec respect au président, déposa sur la table l'acte qui l'investissait de l'autorité militaire, et s'éloigna. La démission de Cortez fut acceptée par les juges, qui