Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.

étrangers. Alors un de leurs chefs, imposant silence à la foule irritée, répondit aux deux envoyés de Grijalva : « qu'ils ne pouvaient comprendre qu'on leur parlât de paix, et qu'en m ê m e temps on voulût les asservir ; qu'ils trouvaient fort étrange qu'on prétendît les soumettre à un nouveau maître avant de savoir s'ils n'étaient pas satisfaits de celui auquel ils avaient obéi jusqu'alors ; que, du reste, puisqu'il s'agissait de la guerre ou de la paix, ce n'était pas à lui de prononcer sur cette question, et qu'il allait faire part à ses supérieurs des propositions qu'il venait d'entendre. » Il s'éloigna aussitôt, laissant les Espagnols très-étonnés de la sagesse et de la fermeté de cette réponse. Peu après, il reparut, et dit à Grijalva que ses chefs, informés de ce qui s'était passé à Pontouchan, n'avaient pas peur de la guerre, et qu'au besoin ils le prouveraient aux étrangers ; que, du reste, ils préféraient la paix à la guerre, et qu'il avait été chargé par eux d'apporter au chef des hommes blancs une grande quantité de vivres, dont on lui faisait présent, pour constater la sincérité de ces sentiments pacifiques. A peine avait-il cessé de parler, que le cacique luimême se présenta: il était sans armes, et n'était accompagné que d'un petit nombre de ses sujets. Après l'échange de saluts entre le prince indien et le commandant espagnol, le cacique tira d'une corbeille que ses gens avaient apportée de magnifiques armures d'or, garnies de pierres précieuses, ornées de plumes peintes; puis, offrant ces présents à Grijalva, il lui dit qu'il le priait de les accepter comme un gage de son amour pour la paix; mais que, pour prévenir une rupture entre eux, il fallait qu'il s'éloignât du pays le plus tôt qu'il lui serait possible.


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