Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.

voile avec les trois autres, qui étaient aussi en trèsmauvais état. Il n'avait qu'un désir, c'était de pouvoir gagner l'île Espagnole avec ses vaisseaux endommagés ; il avait r e connu l'impossibilité de s'en servir pour retourner en Espagne ; mais la petite escadre fut assaillie par des ouragans violents, qui sont très-fréquents sur cette mer. L'expérience de Colomb, ses conseils et ses exhortations ne pouvaient relever le moral de ses équipages, parmi lesquels régnaient le désordre et la confusion. Ses ordres n'étaient pas exécutés. En vain prescrivait-il les plus sages dispositions, sa voix n'était pas entendue. Il vit périr un de ses vaisseaux lorsqu'il était encore sur les côtes de la terre ferme; de larges voies d'eau s'étaient déclarées dans les deux autres; les efforts réunis des équipages et le jeu continuel des pompes les empêchèrent de couler. Colomb ne s'était peut-être pas encore trouvé dans une situation aussi critique; il fit gouverner vers l'île de Cuba, où il espérait pouvoir faire reposer ses équipages et réparer ses deux vaisseaux si délabrés. Il fut rejeté loin des côtes de Cuba par une nouvelle tempête, au moment où il se disposait à aborder dans cette île. Les deux vaisseaux, poussés l'un contre l'autre par un vent impétueux, s'entre-choquèrent avec tant de violence, que tous ceux qui étaient à bord crurent qu'ils allaient s'entr'ouvrir et se préparaient déjà à la mort. Toutefois, les navires résistèrent à ce choc terrible et parvinrent jusqu'à la côte de la J a m a ï q u e ; l'amiral réussit, par u n e habile manœuvre, à les faire échouer lorsqu'ils étaient près de couler à fond ; s'il eût tardé un moment, c'en était fait de lui et de tous ses compagnons. Le radoubement des vaisseaux présentait des difficul-


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