Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE.

abandonné enfin l'homme que jusque-là elle avait couvert d'une éclatante protection ? Aucune voix alors ne s'éleva pour le défendre ; il fut condamné sans avoir été entendu. 11 fut décidé qu'on enverrait aux Indes occidentales un commissaire chargé d'examiner avec soin la conduite de l'amiral, et investi du pouvoir exorbitant de destituer l'amiral, s'il jugeait sa conduite répréhensible. Dans ce cas, il devait le remplacer dans le gouvernement de l'île Espagnole. L'homme à qui Ferdinand confiait cette mission avait été puisamment recommandé auprès de lui par les ennemis de Colomb ; il s'appelait François de Bovadilla. Il était bien difficile que l'innocence de Colomb ne succombât pas sous les efforts d'une conspiration si bien ourdie. Au m o m e n t où ce commissaire espagnol, le plus terrible de tous les ennemis que l'amiral eût rencontrés dans sa carrière glorieuse, aborda à Hispaniola, Colomb avait, comme on l'a vu plus haut, pacifié l'île. Des mines avaient été ouvertes par ses soins, et l'agriculture, encouragée, avait déjà répondu à ses efforts par des succès qui ouvraient à la colonie une nouvelle source de richesses. Jamais enfin la situation de l'île n'avait été plus favorable à sa justification; mais on avait résolu d'avance sa condamnation, et rien ne pouvait détourner de sa tête le coup dont il allait être frappé. L'exécution de quelques mesures l'avait appelé dans une contrée éloignée de l'île ; la justice et l'équité imposaient à son juge l'obligation d'attendre le retour de l'amiral, avant de commencer contre lui une odieuse procédure. Mais qu'importaient l'équité et la justice à un homme tel que Bovadilla ? quelles considérations pouvaient l'arrêter? il voulait la place de Colomb, et,


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