Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique

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CHRISTOPHE COLOMB.

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une fatale sécurité ; la fureur et les cris des Espagnols, le bruit de la mousqueterie, les hennissements des chevaux, les aboiements des dogues, leur inspirèrent un tel effroi, qu'après une courte et faible résistance ils prirent la fuite. Quelques-uns périrent, atteints par le plomb ou par le fer ; d'autres furent écrasés sous les pieds des chevaux, mis en pièces par les chiens ou faits prisonniers ; le plus grand nombre se dispersa dans les bois. La victoire a donc prononcé l'arrêt qui condamne un peuple innocent aux fers des Européens ; il doit courber la tête sous le joug et se résigner à toutes les souffrances d'un horrible esclavage ! Colomb, se hâtant de profiter de son facile succès, parcourut le pays ; il ne rencontra aucune résistance, et l'on se soumit partout à son autorité. Peu de mois suffirent à l'amiral pour établir et assurer dans cette île si peuplée la domination espagnole. Jusqu'ici, la conduite de Colomb a été digne de notre estime et de notre admiration ; nos sympathies l'ont accompagné dans ses courses hardies à travers un vaste Océan ; mais, hélas ! il est homme, et il doit payer son tribut de faiblesse et d'erreur à l'humanité. Les deux ennemis mortels de l'amiral, Margarita et le père Boyl, étaient retournés en Espagne. Colomb connaissait leurs projets ; il savait que la haine jalouse de ces deux hommes ne reculerait devant aucun moyen pour rabaisser son mérite, pour calomnier ses intentions, et surtout pour déconsidérer le résultat de ses découvertes auprès du roi d'Espagne, que sa crédulité ombrageuse disposait à accueillir des insinuations perfides contre Colomb. Il devait donc chercher à conjurer, à détourner l'orage qui se formait au-dessus de sa


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