La Guyane Française

Page 55

LA

GUYANE

51

FRANÇAISE.

ne modifièrent l'attitude hostile de l'Assemblée coloniale ; la situation était aussi tendue quand, le 11 avril 1 7 9 3 , Jeannet Oudin, neveu de Danton, vint remplacer G u y o t .

L a colonie traversait une crise

monétaire ; la pénurie du numéraire était telle, que le nouveau commissaire dut créer des bons de caisse, à l'instar des assignats. Peu à peu, les esprits se calmèrent ; tout rentrait dans l'ordre, et la colonie reprenait son aspect a c c o u tumé, lorsque, le 27 prairial an I I ( 1 4 juin 1 7 9 4 ) , le brick de guerre l' Oiseau apporta à Jeannet Oudin le texte de la loi décrétant l'affranchissement

des es-

claves. A u lieu d'user de ménagements pour annoncer aux noirs leur mise en liberté, de les préparer à recevoir cette nouvelle, le commissaire civil la fit immédiatement publier à son de trompe. P r i s d'une sorte de délire, les nègres quittent les ateliers, abandonnent les habitations, les récoltes que l'on est à la veille de rentrer, et, se répandant par la ville, se livrent à toutes les extravagances d'une joie

folle. Cependant,

les

colons se plaignent, ils demandent des ouvriers ; on prie les noirs offre

un

de reprendre leurs travaux, on leur

salaire ; ils refusent : ils craignent, s'ils

retournent aux habitations, d'être réduits de nouveau en esclavage. E n présence de cette situation, le gouverneur est obligé de prendre des mesures coercitives. Il rend, le 20 messidor an I I ( 8 juillet 1794), une ordonnance mettant en réquisition pour la récolte tous les ouvriers cultivateurs, déclarant malintentionné,

et devant être


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.