LA
GUYANE
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FRANÇAISE.
dations d'une ville importante ( 3 ) qui doit s'élever au centre du pays concédé. On fait commencer en même temps les premiers défrichements, depuis l'embouchure du K o u r o u jusqu'à l'éminence qui domine toute la région des palétuviers ; deux habitations, qui prirent les noms de la Liberté et la Franchise,
y sont
créées. Elles étaient à une lieue de la mer, sur la rive gauche du fleuve et au-dessus du camp ( 2 ) . A ce moment, M . de Chanvalon apprenait l'arrivée de douze cent treize personnes, hommes et femmes ( 3 ) ; et pas un endroit pour les recevoir, pas une habitation pour les abriter, pas même de tentes ! Les îles du Salut étaient encombrées par les passagers de la Ferme : sur ces roches dénudées, il avait pas d'hôpital ; celui du
n'y
camp regorgeait de
malades, et sur l'île de Cayenne gisaient 150 individus abandonnés, presque sans secours, et n'ayant d'autre abri que la toile ! L e convoi annoncé arriva, amenant 1 8 8 7
passa-
gers ; on les dirigea sur les îles du Salut, et l'on entassa deux mille trois cents individus, là où quatre cent treize hommes avaient peine à se mouvoir ! Profitant du départ de la flotte, M . de Chanvalon adressa
des représentations au ministère et à M. de
Turgot, qui, malgré son titre de gouverneur, s'obstinait à rester à Paris ; l'intendant demandait que l'on suspendît, momentanément du moins, l'envoi de nouveaux émigrants. Ces réclamations parvinrent trop ( 1 ) Note du plan de la rivière Kourou. ( 2 ) Ibid. (3) Défense de M. de Chanvalon, pages 243 et suivantes.