La Guyane Française

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LA

GUYANE

FRANÇAISE

Huit forçats s'évadèrent du pénitencier de la Comté le 16 décembre 1855, et six autres le

29 du même

mois. La première bande, remontant le cours de la Comté, s'avança dans l'intérieur. Brisés par plusieurs jours de

marche forcée , par

les privations

de toutes

sortes, deux des fugitifs étaient restés en arrière, se demandant s'il ne valait pas mieux rentrer au pénitencier et subir le châtiment habituel, que de persister dans une tentative manque

rendue impraticable par le

de provisions. Ils en étaient là de leurs

réflexions, quand apparut, haletant,

un des hommes de

l'avant-garde

épouvanté, et leur annonça que

trois des évadés venaient d'assassiner un de leurs c o m pagnons : il l'avait vu égorger,

dépecer ; les lam-

beaux saignants de la victime avaient été triés, les uns pour être mangés, les

autres pour

Après ce récit, il demanda à ses

être

enfouis.

auditeurs

terrifiés

de se joindre à lui et de faire cause commune contre les cannibales. Mais quand ces monstres

arrivèrent,

telle était l'influence qu'ils exerçaient sur leurs c o m pagnons, que ceux-ci

non

seulement

les aidèrent

dans leurs préparatifs, mais encore prirent part à l'épouvantable festin. La nuit ils s'enfuirent ; deux d'entre eux parvinrent au pénitencier pour raconter les faits dont ils avaient été témoins ; le troisième disparut, on ne sut jamais ce qu'il était devenu. Les six évadés du 29 décembre, trouvant la piste de la première bande, se mirent à sa recherche et la rejoignirent le 4 janvier 1856, près des sources de la Comté. A leur tête se trouvait un nommé

Raissé-


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