208
LA
GUYANE
FRANÇAISE.
qu'ils auraient mise dans un discours académique : « La déportation, disait M . Boulay, doit être désormais le grand moyen de salut pour la chose publique. Cette mesure
est avouée
par
l'humanité. » Puis,
comme tous les pouvoirs faibles sont cruels et despotiques, le Directoire
proscrivait sans compter : sous
prétexte de conspiration contre la
république,
on
déportait en masse des nobles, des gens d'Eglise, des gens de lettres, des artisans. Carnot, Barthélémy, T r o n ç o n - D u c o u d r a y , P i c h e g r u , cinquante-trois députés et cinq cent seize p e r sonnes appartenant à toutes les classes de la société, se virent condamnés
à la
nombre
trois
s'évadèrent ;
furent dirigés
sur
déportation. U n grand cent
la Guyane
trente
et
seulement
débarqués sans
secours, presque sans vivres, sur les bords du Sinnamary, du K o u r o u et de la Counamana. Parmi ces prisonniers, il y avait des coupables, mais il y avait aussi des victimes : on les traita tous, sans distinction, comme des criminels. A leur dépait de R o c h e f o r t ,
on les entassa dans l'entrepont
des
subirent les souf-
navires; pendant la traversée, ils
frances de la faim, de la soif, et les duretés de certains officiers que
des instructions mal
comprises
ren-
daient cruels. « On nous refusait, écrit Ramel,
les plus vils
secours, les ustensiles les plus indipensables ; nous quatre, prisonniers de la fosse Tronçon-Ducoudray,
Pichegru,
demandâmes au moins un
aux lions
(Ramel,
Lavilleheurnois),
peu de paille ou quelque
moyen de nous défendre des meurtrissures dans le