La Guyane Française

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LA

GUYANE

FRANÇAISE.

qu'ils auraient mise dans un discours académique : « La déportation, disait M . Boulay, doit être désormais le grand moyen de salut pour la chose publique. Cette mesure

est avouée

par

l'humanité. » Puis,

comme tous les pouvoirs faibles sont cruels et despotiques, le Directoire

proscrivait sans compter : sous

prétexte de conspiration contre la

république,

on

déportait en masse des nobles, des gens d'Eglise, des gens de lettres, des artisans. Carnot, Barthélémy, T r o n ç o n - D u c o u d r a y , P i c h e g r u , cinquante-trois députés et cinq cent seize p e r sonnes appartenant à toutes les classes de la société, se virent condamnés

à la

nombre

trois

s'évadèrent ;

furent dirigés

sur

déportation. U n grand cent

la Guyane

trente

et

seulement

débarqués sans

secours, presque sans vivres, sur les bords du Sinnamary, du K o u r o u et de la Counamana. Parmi ces prisonniers, il y avait des coupables, mais il y avait aussi des victimes : on les traita tous, sans distinction, comme des criminels. A leur dépait de R o c h e f o r t ,

on les entassa dans l'entrepont

des

subirent les souf-

navires; pendant la traversée, ils

frances de la faim, de la soif, et les duretés de certains officiers que

des instructions mal

comprises

ren-

daient cruels. « On nous refusait, écrit Ramel,

les plus vils

secours, les ustensiles les plus indipensables ; nous quatre, prisonniers de la fosse Tronçon-Ducoudray,

Pichegru,

demandâmes au moins un

aux lions

(Ramel,

Lavilleheurnois),

peu de paille ou quelque

moyen de nous défendre des meurtrissures dans le


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