La Guyane Française

Page 130

126

LA

GUYANE

FRANÇAISE.

qu'il leur fait. A l'esprit du mal, au contraire,

ils

adressent leurs supplications pour éviter les maux dont il peut les accabler, ou pour qu'il leur inflige. A en juger

faire cesser ceux

par le respect qu'ils

témoignent à leurs morts, on peut supposer

qu'ils

croient à une autre vie ; ils ne s'expliquent pas à ce sujet, et, comme ils n'ont ni annales, ni doctrines, ni traditions, on en est réduit à de simples conjectures. On comprend qu'avec de semblables croyances, la superstition joue

chez eux un grand rôle ; tous les

accidents, tous les phénomènes physiques que leur ignorance ne leur permet pas d'expliquer, sont l'œuvre de l'esprit du mal. P o u r leur nuire, ce mauvais génie prend différentes formes, celle d'un animal féroce, par exemple ; quelquefois au contraire, invisible aux yeux de tous, il réside dans les endroits dangereux, et, là

;

guette ses victimes au passage. Les rapides les plus périlleux sont hantés par le mauvais esprit, —

une

sorte do diable. — Les Indiens essaient de se le rendre propice par une offrande, avant d'engager leurs p i r o gues dans les eaux tumultueuses. Souvent l'Indien a recours à l'intervention du piaye, sorcier ou féticheur, — qui joint à ses fonctions

de

médecin celles beaucoup plus importantes de conjurateur du mauvais esprit et d'exorciste pour ceux qui sont piayés, c'est-à-dire victimes d'un sortilège. Aussi, le piaye est dans la tribu l'objet d'une vénération profonde, qu'augmentent encore les rudes épreuves par lesquelles le candidat

piaye doit

passer pendant les

longues années que dure son noviciat. Nous en verrons quelques-unes au cours de ce chapitre.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.