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LA
GUYANE
FRANÇAISE.
qu'il leur fait. A l'esprit du mal, au contraire,
ils
adressent leurs supplications pour éviter les maux dont il peut les accabler, ou pour qu'il leur inflige. A en juger
faire cesser ceux
par le respect qu'ils
témoignent à leurs morts, on peut supposer
qu'ils
croient à une autre vie ; ils ne s'expliquent pas à ce sujet, et, comme ils n'ont ni annales, ni doctrines, ni traditions, on en est réduit à de simples conjectures. On comprend qu'avec de semblables croyances, la superstition joue
chez eux un grand rôle ; tous les
accidents, tous les phénomènes physiques que leur ignorance ne leur permet pas d'expliquer, sont l'œuvre de l'esprit du mal. P o u r leur nuire, ce mauvais génie prend différentes formes, celle d'un animal féroce, par exemple ; quelquefois au contraire, invisible aux yeux de tous, il réside dans les endroits dangereux, et, là
;
guette ses victimes au passage. Les rapides les plus périlleux sont hantés par le mauvais esprit, —
une
sorte do diable. — Les Indiens essaient de se le rendre propice par une offrande, avant d'engager leurs p i r o gues dans les eaux tumultueuses. Souvent l'Indien a recours à l'intervention du piaye, sorcier ou féticheur, — qui joint à ses fonctions
de
médecin celles beaucoup plus importantes de conjurateur du mauvais esprit et d'exorciste pour ceux qui sont piayés, c'est-à-dire victimes d'un sortilège. Aussi, le piaye est dans la tribu l'objet d'une vénération profonde, qu'augmentent encore les rudes épreuves par lesquelles le candidat
piaye doit
passer pendant les
longues années que dure son noviciat. Nous en verrons quelques-unes au cours de ce chapitre.