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LA
GUYANE
FRANÇAISE.
« Bon Dieu pas content d i t : A d a m , Eva ou pouvez allé : toi, A d a m , besoin travailler manioc, et flécher
pour gagner
pour gagner viande ; Eva,
toi,
pouvé gagné mal pour faire ti moun ; serpent, toi plus gagné pieds pour marcher.
»
Beaucoup de ces noirs ont été baptisés, et cette histoire d'Adam et d'Eve racontée par Apatou peut bien être un souvenir de l'instruction religieuse
qu'il a
reçue autrefois dans l'église de Saint-Laurent. Peutêtre aussi, le missionnaire avait-il quelque peu modifié l'histoire de nos premiers parents, pour la mettre à portée de son auditoire, car, en Guyane, on ne connaît pas la pomme. De la religion juive, quelques-uns ont une horreur profonde pour le capiai,
dont
conservé la chair,
disent-ils, donne la lèpre. Or, ce capiai a une grande analogie avec le cochon. D e leurs ancêtres d'Afrique, ils ont gardé la croyance aux sorciers ; ils sont fétichistes, et leurs féticheurs, comme ceux des Indiens, se nomment piayes. Les funérailles se font en grande cérémonie. « Les morts sont conservés pendant huit jours, dit le d o c teur Crevaux, durant lesquels on se livre à des danses et à des chants lugubres. Le cercueil est transporté matin et soir dans tout le village,
par des hommes
qui l'inclinent à droite et à gauche pour imiter des mouvements de salutation. On considère comme un bon augure ces politesses que le défunt semble adresser en passant devant
les
carbets. Ledit cercueil fait
de longues haltes au milieu du conseil réuni sur la place pour
le recevoir. Les plus anciens lui
font