Bulletin de la société de Géographie

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DE CAYENNE AUX ANDES.

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sions dans les rivières voisines. Ils attaquent des populations armées seulement de flèches, tuent ceux qui résistent, font les autres prisonniers et descendent les livrer aux marchands de chair humaine. Ce commerce n'est pas sans risque : il arrive souvent que le négociant est mal reçu lorsqu'il vient réclamer le prix de sa marchandise ; chaque fois que les Indiens se voient plus forts que lui, ils le dévalisent et le massacrent. Le 26 juin nous franchissons une quatrième chute qui est suffisante pour empêcher la navigation à vapeur, mais qu'on passe facilement en canot. Ce barrage, formé par une presqu'île très étroite, pourrait être détruit facilement par la dynamite. Le 27 nous passons devant la bouche de l'Apapuri que les Brésiliens considèrent comme la limite de l'empire. Voilà 43 jours que nous couchons par terre, sous des pluies torrentielles, n'ayant pour abri qu'un petit toit que nous faisons chaque soir avec des feuilles. Il n'est pas étonnant que tous mes hommes soient pris par la fièvre. Nous succomberions tous infailliblement s'il fallait s é journer quelques semaines de plus dans cette redoutable rivière ; aussi je fais tous mes efforts pour donner de l'entrain à mon équipage. Chaque jour je suis le premier debout ; nous partons à 6 heures et demie du matin et marchons quelquefois jusqu'à G heures du soir. Pour ne pas perdre 10 minutes, nous mangeons en canot la nourriture préparée la nuit. Il y a toujours deux ou trois malades ; encore est-il bien heureux que la fièvre ne nous frappe pas tous à la même heure. Enfin le 9 juillet, à cinq heures du soir, nous arrivons à l'Amazone. « Merci mon Dieu! s'écrie Apatou, Ouïtotos pas mangé nous. » Il est si content qu'il lire tout le reste de mes cartouches.


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