Bulletin de la société de Géographie

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DE CAYENNE AUX ANDES.

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C'est à peine si je me retourne pour voir le Yapura sortir comme un torrent de deux portes taillées dans les hautes montagnes des Andes. Mon canot court avec une rapidité effroyable entre les derniers contreforts qui sont recouverts de quinquina. En trois jours je suis hors des derniers avant-postes de la civilisation. Une tribu d'Indiens appelés Carijonas nous fait un accueil sympathique. Une grande surprise nous était réservée : Apatou et moi nous comprenons la conversation de ces indigènes dont le langage présente une très grande analogie avec la langue roucouyenne que nous avons apprise dans le Yary et le Parou. J'ai recuelili un vocabulaire de toutes les langues inconnues des indigènes; cette étude servira pour suivre les migrations des peuples dans l'Amérique du Sud. J'ai recueilli en outre un assez grand nombre de dessins exécutés, par les Indiens eux-mêmes, sur mes cahiers. Les peintures des Carijonas qui vivent au pied des Andes, près du Pacifique, sont identiques à celles des Roucouyennes qui habitent près de l'océan Atlantique. Leurs chants et leurs danses sont également semblables. Je décide trois d'entre eux à m'accompagner jusqu'aux chutes. 1 juin. Je suis reçu par une tribu nombreuse d'Indiens Coreguajes qui se livrent à des fêtes en mon honneur. Je puis comparer leurs danses avec celle des Indiens de l'est et étudier l'effet du yahé, plante enivrante qu'ils employent dans leurs fêtes. 7 juin. Les rives sont désertes, nous n'avons pas vu un être humain depuis une semaine ; nous allons bientôt manquer de farine. Ayant découvert une piste d'Indiens Ouïtotos, je me d é cide à la suivre. Apatou, un Indien et moi, marchons quatre heures avec une ardeur extraordinaire pour trouver un village. La nuit e r


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