Bulletin de la société de Géographie

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DE CAYENNE AUX ANDES.

que j ' a i l'intention d'aller faire la guerre aux Indiens Trios. Stuart qui est le plus fort et le plus méchant m'a refusé l'obéissance dans la journée, et dans la soirée il ose venir à moi pour m'insulter devant le chef Indien. Je saisis mon fusil et le couche en joue. Le bruit des batteries qui s'arment agit sur l'agresseur comme un coup de foudre ; sa loquacité furieuse fait bientôt place au silence. Je pars le lendemain avec Apatou, mes deux noirs r é voltés assistent au départ et se flattent de me forcer à battre en retraite faute d'équipage. Je m'embarque avec Yacouman et Apatou dans une toute petite pirogue. Une heure après j'aperçois un canot qui s'efforce de nous rejoindre : ce sont nos déserteurs qui viennent faire leur soumission, en pleurant comme des enfants. Le lendemain nous rencontrons une bande d'Indiens Roucouyennes qui descendent de chez les Trios ; ils nous apprennent que plusieurs villages du haut Parou ont été abandonnés à la suite d'une épidémie. Nous arrivons, le 9 novembre, à un village situé sur un petit affluent de droite ; toutes les maisons sont désertes et au milieu on remarque un enfoncement dans la terre : ce sont les sépultures d'un grand nombre d'Indiens. Apatou est parti en éclaireur avec Yacouman, pour tâcher de trouver quelques habitants dans les alentours ; ils reviennent bientôt suivis d'un couple d'Indiens. La femme refuse mes présents, et me montrant trois fosses fraîchement comblées, prononce les paroles suivantes : » Panakiri ouani oua, » Blancs besoin pas. » Ala pikinini alele, » Là enfants morts. « Nono poti, » Terre trou. » Echimeu ouaca,


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