Bulletin de la société de Géographie

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DE CAYENNE AUX ANDES.

glante avec Apatou, ne se mettent en route qu'en m u r m u rant. Le Parou est beaucoup plus habité que le Yary ; nous rencontrons presque chaque jour de petits villages, où j'ai l'occasion de faire des études de langages et de mœurs ; je ne tarde pas à parler le roucouyenne assez facilement, et la connaissance de cette langue donne un attrait particulier à mon voyage. Nous ne marchons pas vite, car le courant est assez fort à cause des nombreuses roches qu'on rencontre à chaque instant. Le 1 novembre, nous remarquons une roche granitique qui s'élève à 3 ,50 au-dessus du niveau de l'eau. Cette pierre qui se trouve au milieu d'un rapide appelé Mocori est considérée comme un monument élevé par un Yolock (diable) qui fait chavirer les canots. En amont, la rivière devenue calme fait des sinuosités qui quadruplent son parcours. Ici, elle présente l'aspect du Maroni, de l'Oyapock et du Yary dans leur cours supérieur. D'un côté, la rive taillée à pic sur une hauteur de 3 mètres, est formée d'une argile blanche; de l'autre côté, elle est basse, marécageuse, encombrée de moucou moucou (Caladium arborescens). Les roches granitiques qui deviennent rares sont remplacées par des roches schisteuses que les Roucouyennes appellent Panakiri tepou (Roches des Hollandais), parcequ'elles sont alignées comme les soldats de Surinam qui sont venus jadis faire la guerre dans le Maroni. Les Roucouyennes ont été frappés en voyant les soldats blancs s'aligner sur une seule ligne, tandis qu'eux m a r chaient toujours les uns derrière les autres, c'est-à-dire en file indienne. Le 3 novembre, nous passons devant la tête d'un sentier qui va du Parou au Maroni en traversant le Yary. Apatou qui connait ce trajet dit qu'il faut 12 jours pour e r

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