Bulletin de la société de Géographie

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DE CAYENNE AUX ANDES.

auprès de nous avec quelques-uns de tes compagnons, je t'ai apporté un fusil du pays des Parachichi : c'est ainsi qu'ils appellent les Français. » L'affaire convenue j'écris au commissaire de l'Oyapock, lui recommandant de livrer au fils d'Yelemeu un certain nombre de couteaux, de sabres et de haches. J'insiste pour qu'on le traite bien, puisque c'est la première fois que les Roucouyennes vont jusqu'au pays des Blancs. Le lendemain après midi, trois embarcations montées par 12 hommes se dirigent vers l'Oyapock et deux descendent montées par mes noirs et trois Indiens. Le 5 octobre nous arrivions chez les Calayouas. Je croyais trouver là une tribu particulière d'Indiens, mais, je m'aperçois que ce ne sont que des Oyampis qui ont eu quelques relations avec les Brésiliens appelés Galayonas par les indigènes de la Guyane. Ces sauvages ne procèdent pas autrement que les habitants de nos campagnes qui appellent Parisien un individu qui est allé à Paris. J'apprends par eux que la partie du Yary comprise entre les chutes n'est pas déserte ; on y trouve des Oyampis réfugiés sur le cours des petits affluents ou dans l'intérieur des terres. Je reste deux jours dans cette tribu tant pour faire des observations astronomiques que pour donner un peu de repos à mon équipage et particulièrement à mon patron Apatou, qui est atteint de rhumatismes articulaires. Nous partons le 9, escortés par une pirogue de Galayonas. Dans la soirée, je suis pris d'un nouvel accès de fièvre. Le 10 octobre, à sept heures du matin, nous débouchons dans le Yari. Ce n'est pas sans émotion que je retrouve cette belle rivière déjà parcourue par moi depuis sa naissance jusqu'à son embouchure. J'éprouve le plaisir d'un soldat qui revoit son champ de bataille. Ma maladie s'aggrave chaque jour, mes hommes sont


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