Bulletin de la société de Géographie

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VOYAGE EN GUYANE,

1877.

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C'est par la crique Kou que les Indiens du haut Parou et du Yary vont faire des échanges dans l'Oyapock. La troisième voie présente un intérêt tout particulier ; la rivière Yratapourou, n'ayant pas de grands sauts et débouchant dans le Yary au-dessous des chutes les plus difficiles, offre un chemin pratique pour aller de l'Oyapock à l'Amazone. La forêt dans les Guyanes. — Les Guyanes sont recouvertes d'une immense forêt qui n'est généralement interrompue que par les cours d'eau et de rares éclaircies dans les points où le sol n'est pas assez fertile pour alimenter les arbres. Ces terrains, qu'on appelle savanes, sont recouverts de graminées qui servent à l'alimentation du bétail qu'on y laisse paître en toute liberté. Les savanes occupent le bas des Guyanes près du littoral ; nous n'en n'avons rencontré qu'une seule dans l'intérieur, c'est près du village de Cotica, dans le pays des Bonis. Peu de personnes se font une idée exacte de la forêt équatoriale. Les dessinateurs et les romanciers ont habitué le public à voir dans ces forêts des palmiers sans nombre, des arbres aux formes bizarres, recouverts de parasites et entremêlés de lianes qui courent de branche en branche comme des cordages aux mâts d'un navire. Cette description n'est guère vraie que dans les petites îles qu'on trouve sur la côte des Guyanes, et sur le bord des rivières près de leur embouchure. La forêt vierge, le grand bois, comme on l'appelle en Guyane, se présente sous un aspect froid et sévère. Mille colonnades ayant 35 ou 40 mètres de haut s'élèvent au-dessus de vos têtes pour supporter un massif de verdure qui arrête presque complétement les rayons du soleil. A vos pieds vous ne voyez pas un brin d'herbe, mais seulement quelques arbres grêles et élancés qui sont pressés d'atteindre la hauteur de leurs voisins pour


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