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LA RIVIÈRE SOUTERRAINE DE BRAMABIAU.
l'eau est une lime et un rabot bien puissants, pour dilater et approfondir ainsi une fissure ! (V. coupes transversales n 2, 3 et 4). Quelle énergie destructive doit acquérir, quand elle est emprisonnée dans les étroitesses du Bramabiau, l'eau furieuse qui a pu flotter et élever jusqu'à plus de 20 mètres au-dessus du sol des galeries les branches ou les troncs d'arbres entraînés, comme, par exemple, dans la branche ouest de la Petite Fourche ! (V. coupe transversale n° 4). Partout, d'ailleurs, on observe des stries ou rayures dues au frottement des galets roulés, et en maints endroits des diaclases entr'ouvertes que l'eau a à peine entamées, les abandonnant pour d'autres plus propices. A ce propos, une question se pose : les eaux du Bonheur ont-elles été autrefois plus abondantes que de nos jours, ou, au contraire, les crues que l'on observe tous les ans sont-elles assez fortes pour avoir amené l'expansion des fissures au point où elle se trouve ? Etant données l'étendue restreinte du bassin supérieur du ruisseau (10 à 12 kilomètres carrés entre la Sereyrède et Camprieu), — sa situation en terrain granitique imperméable au pied d'un sommet (l'Aigoual) particulièrement soumis aux grandes variations atmosphériques et aux pluies subites, — et, par conséquent, son allure essentiellement torrentielle, on peut se demander si, oui ou non, le Bonheur a jadis coulé plus fort que maintenant ? Une étude attentive de ses gonflements, prolongée pendant plusieurs années, au besoin même à l'aide d'instruments enregistreurs, permettrait seule de répondre à cette question, en faisant connaître exactement l'amplitude des variations de niveaux, tant extérieurs qu'intérieurs. o s
Et ce travail n'aurait pas qu'un intérêt théorique : il ferait connaître sur quelle échelle se poursuit l'usure, la démolition des souterrains; MM. Mély et Mazauric, au cours de leurs différentes visites, ont maintes fois remarqué