Les colonies et la politique coloniale de la France

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LES PÊCHERIES DE TERRE-NEUVE.

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deux commissaires (1), qui se sont rendus sur les lieux et abouchés avec les commissaires anglais pour un nouvel examen des faits et des droits. Ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont décidé, aucun document officiel ne l'a appris ; mais la façon un peu superficielle et dédaigneuse dont l'objet des débats a été traité par un des commissaires français dans le récit de ses impressions de voyage fait craindre que sa vigilance n'ait pas égalé celle des commissaires anglais. Cependant le droit qui confère aux Français un privilége exclusif sur certaines parties du littoral peutil être sincèrement révoqué en doute? Il a été reconnu par tous les gouvernements et par divers ministres de l'Angleterre, par M. Labouchère entre autres; il est franchement avoué par les conseillers légaux de la couronne. Les intérêts anglais ne sont d'ailleurs pas en cause. Toutes les compensations accordées aux Français, tant pour la pêche au nord de l'île que pour le libre achat de l'appât, sont déjà accordées aux Américains, dont la concurrence est bien autrement redoutable. Il est triste de lire, dans les documents émanés de Terre-Neuve, l'aveu des vrais sentiments qui inspirent toutes ces résistances à une convention internationale ; ils n'ont rien d'honorable. A SaintJ e a n , on voit avec dépit qu'une terre britannique forme des matelots français. On veut se réserver le pouvoir d'entraver la prospérité de nos pêches, que favorisent les primes, en interdisant ou taxant la vente de l'appât au mépris de ces principes de liberté commerciale dont on se fait gloire en Angleterre. En vue d'événements politiques qui pourraient permettre à la population anglaise de ressaisir même le french shore, on prépare les voies en refusant de reconnaître quelque part un privilége exclusif à de futurs ennemis. Dans ces traités qui laissèrent un pied sur l'île aux Français, la jalousie locale, nous ne voulons pas dire nationale, ne voit qu'une funeste concession, oubliant (1) M. le marquis de Montagnac de Chavance, capitaine de vaisseau, commandant la station navale de Terre-Neuve, et M. Arthur de Gobineau.


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