Les colonies et la politique coloniale de la France

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LES COLONIES DE L A

FRANCE.

tratives, elle possède trois sociétés savantes (agriculture, acclimatation, lettres et arts), publiant toutes des bulletins et distribuant des prix. En souvenir de Parny et de Berlin on cultive la poésie avec amour, et trois fils de Bourbon comptent avec honneur parmi les poëtes français (1). Les arts y forment une école de peintres et de dessinateurs, qui a élevé, à la gloire de la patrie, un monument pittoresque, l'Album de la Réunion. La presse locale publie quatre ou cinq journaux, des brochures de circonstance, des livres solides et brillants. Tous les événements de la vie publique, fêtes ou deuils, inspirent l'éloquence des orateurs et la verve des écrivains. On voit que, dans ces natures heureusement douées, la richesse a servi à orner et élever les âmes. Mais il est des intérêts d'un autre ordre, dont le patriotisme doit se préoccuper. Ainsi mise en possession de toutes ses forces matérielles et morales, la Réunion subviendra-t-elle, en état de paix, à ses besoins , et pourra-t-elle, en cas de guerre, résister à un ennemi? ou devra-t-elle faire appel à la métropole, et dans quelle mesure? Est-elle une charge, est-elle un bénéfice pour la France? A ces dernières et capitales questions, qui surgissent à propos de toute colonie, la Réunion est une de celles qui ont à faire la réponse la plus satisfaisante. Le budget colonial, composé de toutes les recettes locales, varie de 5 à 7 millions, et suffit à toutes les dépenses mises à la charge de la colonie. Il ne reste au compte de l'État que celles afférentes à la souveraineté et à l'administration politique : elles montent à trois millions au plus. Pour s'en couvrir, l'État grève les produits de la colonie, à leur entrée en France, de taxes qui, en 1860, ont rapporté au trésor plus de 12 millions. Reste pour la métropole un bénéfice net de 9 millions. La situation militaire n'est pas tout à fait aussi belle. Comme il n'est pas de ville ou de département qui résistât sans secours (1) MM. Leconte de l'Isle, Lacaussade, Dierx.


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