Les colonies et la politique coloniale de la France

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MADAGASCAR.

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times sur cette terre arrosée de noire sang (1), nous sommes dans les termes de notre droit le plus strict en réclamant la restitution de Tamatave, de Foulpointe et autres postes situés en territoire malgache, où notre pavillon a flotté du consentement des indigènes jusqu'en 1845, et où nos titres sont de deux siècles antérieurs à ceux de nos ennemis. Sur le refus des Hovas, l'accord est rompu, et la France devient maîtresse de son action sur tous les points de l'île occupés par ses compétiteurs. Suivant les convenances du moment l'on pourra se borner à s'emparer des principales places du commerce, Tamatave à l'est, Bambétok à l'ouest, et des principaux ports, Diego-Suarez et la baie d'Antongil ; ou bien, pénétrant dans l'intérieur, on ira frapper les Hovas au centre de leur puissance à Tananarive. Nous n'avons pas à entrer dans les détails de ces divers plans depuis longtemps étudiés. Le choix de la saison convenable, considération toujours négligée dans les expéditions antérieures, importe autant que la composition même de l'armée d'invasion (2). Dans l'exécution on ne perdra pas de vue qne le but principal de notre intervention est le refoulement des Hovas dans leur province, d'où ils ont violemment débordé sur tout le pays en envahisseurs rapaces et cruels; les conséquences immédiates seront l'abolition de leur joug détesté, l'accès désormais facile, en tous les ports de l'île, au commerce des nations sous la protection du pavillon français, et surtout l'éducation morale, industrielle des peuples plongés encore, quoique avec moins de vices et d'abrutissemen t que les autres peuples africains,

(1) Le plus odieux se rapporte à nos malheureux officiers et soldats, tués en combattant à Tamatave en 1843. Pendant une dizaine d'années, leurs crânes sont restés fichés au haut des pieux sur la plage de Tamatave, livrés à tous les outrages, jusqu'à ce qu'ils aient été enfin enlevés, au péril de la vie, et ensevelis par un créole de la Réunion, Charles Jeannette. (2) La saison des fièvres dure d'octobre à mars ou de novembre à avril, biles ne sont pas, d'ailleurs, plus terribles que celles qui règnent à Java et dans toute la Malaisie, à la Guyane, aux Antilles, au Mexique, etc.


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