Les colonies et la politique coloniale de la France

Page 161

MADAGASCAR.

405

nité de la perte qui en résulterait pour lui, Radama recevait une large subvention en argent et en munitions de guerre. Ce traité fut renouvelé en 1820 et 1823, dans le même esprit, l'Angleterre s'appliquant à accroître le prestige, la puissance, la richesse de Radama, afin de l'opposer aux Français. L'éducation de jeunes Malgaches à Maurice et en Angleterre, l'envoi à Tananarive d'ouvriers mauriciens, le recrutement de mousses indigènes pour les navires de guerre, tous ces détails firent partie de ce plan habile, où la philanthropie voilait mal la rivalité nationale (1). L'action des missionnaires, si puissante dans tous les pays où pénètre l'influence britannique, vint bientôt se joindre à celle des négociants, et les intrigues politiques purent se couvrir, avec plus de succès, du masque de la religion, qui se signala en effet, comme toujours, par le réel bienfait de l'éducation et de la moralisation, bien que dans une modeste mesure. Les enfants furent élevés dans l'amour de leur souverain et dans la haine de toute domination étrangère (2); on pouvait se dispenser de nommer les Français. Le crédit britannique se fondait ainsi sur la ruine du nôtre. L'instruction militaire fit une partie essentielle de l'enseignement, et de la théorie les élèves passèrent à la pratique, dès que Radama, cédant aux suggestions anglaises, autant qu'à sa propre ambition, jugea l'heure venue de pousser vers le littoral sa domination jusqu'alors concentrée dans l'intérieur de l'île, ce qui devait bientôt le mettre en face des Français. Les conflits ne tardèrent pas, en effet, à éclater par les prétentions de Radama, même sur le Fort-Dauphin, et ils se conti-

(1) D'après un rapport présenté à la chambre des communes le 10 juillet 1828, les dépenses relatives à Madagascar, faites par le gouvernement de Maurice, de 1813 à 1826, se sont élevées à 64,278 livres sterling (1,550,000 francs). (2) Consulter Carayon, Histoire des établissements français à Madagascar, chap. III, Intrigues des Anglais, page 28 et suivantes.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.