Les colonies et la politique coloniale de la France

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LES COLONIES DE LA FRANCE.

« Il parut nécessaire, d'ailleurs, de conserver des moyens de protection efficaces à l'égard de notre commerce de la côte occidentale de Madagascar, et de constater par la présence de notre pavillon, que la France maintenait ses droits sur ses anciennes possessions (1). » Le même sens fut donné aux acquisitions qui eurent lieu, en 1842 et 1843, des îles Nossi-bé et Mayotte (2). L'arrêté de (1) Quatrième partie, page 13. (2) La vérité nous oblige cependant à dire qu'il y eut en ce moment, dans la politique du cabinet français, une fâcheuse irrésolution. Voici comment s'explique, à cet égard, M . Barbaroux, à cette époque procureur général à Bourbon : « Cette cession (celle de Nossi-bé et Mayotte) est au moment d'entraîner celle de l'île d'Aujouan et de nous rendre ainsi les maîtres de l'archipel des Comores, et, par suite, du canal de Mozambique. Mais le gouvernement qui vient de faire ces actes si hautement significatifs de ses intentions à l'égard de la Grande-Terre, est à bout d'énergie, et il hésite à suivre sa propre i m pulsion. Vainement une note du maréchal Soult, président du cabinet, lue au conseil des ministres, déclare-t-elle que ces prises de possession ne sont qu'un point d'attache pour la conquête de la Grande-Terre, et que ces vues d'occupation, communiquées au cabinet de Londres, n'y ont amené aucune objection; vainement l'amiral Duperré, ministre de la marine, soumit-il au même conseil la question de savoir si, la nécessité étant reconnue d'avoir à Madagascar un établissement maritime, il y aurait lieu d'occuper la baie de Diego-Suarez; le conseil s'inquiète de la rapidité que les gouverneurs de Bourbon ont imprimée aux négociations avec les peuples du Nord-Ouest, des responsabilités que peut faire peser sur lui une politique aussi décidée. Il redoute mal à propos que, comme au Texas et à la Nouvelle-Zélande, un gouvernement plus énergique dans ses directions vienne compliquer la question et s'en rendre l'arbitre eu le devançant à Madagascar. Il refuse donc la cession de l'île d'Anjouan, et ajourne toute opération sur Diego-Suarez, au risque de perdre toute chance de succès dans l'avenir (1). Il fait plus : afin d'échapper aux conséquences possibles de l'initiative locale qui l'a entraîné une première fois, il se hâte d'enlever aux gouverneurs de Bourbon toute autorité sur les affaires de ce pays et les réduit à l'impuissance, en brisant le lien de dépendance qui leur subordonnait les officiers commandant à Sainte-Marie, ainsi que dans les nouveaux comptoirs du Nord-Ouest et sur les bâtiments de la station navale. « Dès ce moment, notre influence, qui grandissait rapidement parmi les m é (1) Expression de la note de M. Duperré, ministre de la marine.


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