Les colonies et la politique coloniale de la France

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LES COLONIES DE LA. FRANCE.

nuisible au défrichement, que le plus grand nombre de ceux qui se présentent pour obtenir des concessions, n'ayant pas le moyen de les mettre en valeur, en privent ceux qui seraient en état d'en tirer un meilleur parti; que, en vendant à un prix modique les terres à défricher, le colon aisé ou celui qui projette des établissements n'en peut être empêché par une légère avance qui lui assure sa propriété, tandis que l'homme pauvre et stérile est dans l'impuissance d'usurper sa place. Ces raisons sont infiniment plus sensées que celles sur lesquelles nous fondons des concessions gratuites. » Malouet proposait donc d'adopter l'usage des Anglais en vendant la terre au plus bas prix possible. Une loi qui proclamerait la mise en vente, ajoutait-il, rappellera l'attention sur la Guyane. Nombre de particuliers seront tentés de s'y assurer une possession qu'ils établiront au moment opportun. Les acheteurs feront quelques avances pour défricher, et insensiblement l'émulation et les essais croîtront avec les spéculations. Un premier succès en amènera mille autres, tandis que, en continuant le système établi, les concessions les plus indiscrètes se multiplieront en pure perte. On ne se lassera pas de demander et d'acquérir gratuitement sans avances de culture. Il n'y aura de réuni au domaine que les terres de particuliers sans appui, tandis que les plus grands concessionnaires prolongeront à leur volonté les délais limités par leur charte. — Ces arguments, fort bons au xviii siècle, ont acquis une autorité irréfragable par le succès des Etats-Unis et de l'Angleterre, au point qu'il est permis de poser la vente des terres comme la première règle de l'art de coloniser. Le discrédit de la Guyane modérerait sans doute au début l'affluence des acheteurs, mais la confiance renaîtrait avec l'expérience; à défaut des blancs, les hommes de couleur et les noirs, proscrits ou méprisés en une partie de l'Amérique, se présenteraient. Le prix ne fût-il, comme aux États-Unis, que de 15 à 16 francs l'hectare en moyenne, le revenu en serait bientôt appréciable pour les finances de la colonie, et l'accroise


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