Les colonies et la politique coloniale de la France

Page 187

LES

ANTILLES.

163

tion collective, en accomplissant les travaux et les services qui rentrent dans son ressort. De loin comme de près, l'État, personnifié tantôt dans l'administration coloniale, tantôt dans celle de la métropole, ne manque pas d'empiéter sans cesse sur les entreprises privées, en même temps qu'il néglige de remplir certaines de ses attributions les plus importantes : percer des routes, creuser des canaux, dessécher des marécages, curer les ports, dresser des phares. A la Martinique, la viabilité est dans un état de barbarie indigne d'un peuple civilisé. Il n'y existait pas naguère une seule voie sur laquelle pût rouler une diligence ou une charrette. Les chemins ne sont accessibles qu'aux cabrouets, les chars à bœufs de la culture locale. Saint-Pierre et Fort-de-France, éloignés de 30 kilomètres, ne communiquent que par mer. Dans l'intérieur, pas une bonne route ! Les excuses ne manquent pas, et la première se tire de la configuration très-accidentée du sol. Sans nier le fait, il ne saurait s'imposer à l'intérêt public, ni à l'industrie moderne. Aussi l'administration commence-t-elle à secouer sa torpeur, et l'on parle d'un chemin de fer à établir entre le Saint-Esprit et la RivièreSalée. Sans repousser aucune offre, les habitants insistent avant tout sur un réseau général de bonnes voies ordinaires. A la Guadeloupe, la situation est meilleure, Basse-Terre et Pointe-à-Pitre communiquant par une belle route et un service régulier. La Grande-Terre est plus ouverte encore, et des voies construites par les habitants, à qui les tâches étaient réparties par le conseil colonial, rayonnent du chef-lieu à l'intérieur; mais la région de l'ouest, la Guadeloupe propre, montagneuse comme la Martinique, n'est guère plus avancée. Les colons attachent aussi un grand prix à l'élévation de barrages qui retiendraient et distribueraient les eaux ; à l'entretien, à l'achèvement et à la création de canaux, comme la Grande-Terre en possède quelques-uns, propres à rendre moins coûteuse la circulation de leurs denrées, toutes lourdes et en-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.