Les colonies et la politique coloniale de la France

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PRÉFACE.

IX

on résumerait l'histoire de dix siècles avant JésusChrist. Avec les goûts et les arts d'une jeune civilisation, les Grecs introduisaient les principes et les sentiments les meilleurs que jamais l'humanité ait pratiqués dans ses créations coloniales, et le monde moderne n'en saurait imaginer de supérieurs : ils se résumaient, avons-nous dit ailleurs (1), dans le nom de métropole, cité mère, mèrepatrie. Les relations de la colonie avec la cité qui lui avaient donné naissance étaient réglées sur les rapports de la famille. En s'éloignant du foyer domestique et civique, les enfants emportaient, avec les adieux, les bénédictions et les dons de leurs concitoyens, le feu sacré, les autels, les lois de leur patrie ; ils lui demandaient des chefs politiques, des prêtres, et, au jour des guerres, des généraux et des secours. Ils lui envoyaient annuellement les prémices de leurs fruits, et des députés pour prendre part aux sacrifices religieux, destinés à sceller l'unité nationale autant qu'à honorer les dieux ; ils lui payaient quelquefois des taxes. Les citoyens de la mèrepatrie jouissaient de divers priviléges : places d'honneur dans les solennités publiques, droits à une portion du sol, à une facile naturalisation, la première part à la chair des victimes. En retour de ces témoignages de déférence, la métropole devait aide et protection à sa colonie en cas de malheur et d'attaque, et en retour de cette obligation, consacrée par les mœurs plus encore que par les lois, les colonies reconnaissaient le devoir sacré de réciprocité envers la mère-patrie. (1) Dictionnaire de la Politique, voir

COLONISATION.


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