Les colonies et la politique coloniale de la France

Page 103

LE SÉNÉGAL.

79

Dès le mois de novembre 1857, Bakar, le cheikh des Douaïches, s'étant rapproché de nous, la consécration de notre souveraineté, dans les limites les plus étendues que comporte notre droit, fut le premier objet de ces traités. Nos anciens adversaires reconnurent que le Oualo et certains territoires limitrophes appartiennent à la France : ce sont les États déjà annexés sur une partie desquels E l i , le fils de Mohammed-el-Habib et de Guimbotte, réclamait le pouvoir suprême. Un droit analogue nous fut même reconnu d'avance sur le territoire de Gandiole, en vue des propositions d'achat que le gouverneur devait adresser au damel ou roi du Cayor, et qui ont abouti. Par les nouveaux traités, le protectorat de la France est pour la première fois établi sur tous les États ouolofs, théâtres habituels des brigandages des Maures : le Cayor, le Djiolof, le Ndiambour, ainsi que le Dimar, qui fait partie du Fouta. Seulement il est stipulé que, certains de ces États se trouvant tributaires des Trarzas, les tributs seront perçus par l'intermédiaire du gouverneur, institué juge des différends qui s'élèveraient à celte occasion. Les relations commerciales sont réglées avec la même prévoyance. Divers établissements sont désignés par le gouvernement français pour l'achat des gommes, qui pourra s'y faire toute l'année. Pour les autres produits, le commerce sera entièrement libre en toute saison, soit à terre, soit à bord des embarcations. Le règlement des coutumes était le nœud de la difficulté. Les refuser absolument, après une longue jouissance, dans un pays où les dons en nature aux chefs constituent, de temps immémorial, le complément de toute transaction, c'eût été peut-être pousser nos adversaires à une résistance désespérée. En les accordant sans réserve, on eût consacré tous les abus et toutes les exigences tyranniques dont le redressement avait été l'un des principaux motifs de la guerre. Un ingénieux accommodement a concilié l'honneur et l'intérêt des deux camps. Les traités reconnaissent aux rois maures le droit, incontestable assurément, de retirer de ce commerce un profit qui est la source principale de


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.