Les jésuites à Cayenne

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LES JÉSUITES A

CAYENNE

les Français le portèrent du carbet à l'église, et les noirs de l'église au cimetière. Aussitôt qu'il fut exposé dans la chapelle sur son lit de mort, tous accoururent pour contempler ses traits tranquilles et reposés. T o u s , sans exception, le regrettaient amèrement, et m ê m e beaucoup ne pouvaient s'empêcher de verser des larmes sur leur bon Père. « O h ! qu'il a délivré d'âmes de l'enfer, disaient les u n s . . . Il m'a fait faire ma première communion, répétait celui-ci... J'aurais bien donné ma vie et de bon cœur pour sauver la sienne, ajoutait un autre... » E n France, le ministre, M. Ducos, voulut exprimer lui-même au Supérieur du P . Bigot tous les regrets que lui inspirait la perte de ce membre si dévoué de la mission des pénitenciers. Un petit cahier trouvé dans ses papiers contenait la date des époques de sa vie où il avait reçu les plus grandes faveurs du Ciel. Il y avait écrit celle de son baptême, de sa première communion, de son admission au Noviciat, de ses premiers vœux, de son ordination, du commencement de son troisième an, de ses vœux solennels, de son départ pour Cayenne, de son arrivée à Saint-Georges. O n peut y ajouter avec confiance le 28 avril, date de sa mort, qui fut précieuse devant le Seigneur ! C'était un troisième martyr de la charité que la mission de la Guyane envoyait au Ciel ! Mais, quand un aumônier tombait, vingt autres se présentaient pour recueillir son héritage; et un jour, la nouvelle étant venue en E u r o p e que deux Pères avaient succombé, le Provincial reçut quatre-vingts demandes à la fois !


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