Les jésuites à Cayenne

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CHAPITRE III — LE P. RINGOT A L'ILE ROYALE

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se livrer avec zèle à toutes les fonctions de son m i n i s tère. Esprit é m i n e m m e n t p r a t i q u e , prenant rapidement connaissance des h o m m e s et des choses, le P . Ringot organisa p r o m p t e m e n t un service régulier. Voici c o m m e n t le zélé m i s s i o n n a i r e rend compte luim ê m e de ses travaux dans une lettre à l'un de ses confrères en F r a n c e . « J'habite l'Ile Royale avec un personnel d'environ quinze cents individus. Nos transportés vont bien pour la p l u p a r t ; ils s'acquittent volontiers de leurs devoirs religieux. Je prêche deux fois le d i m a n c h e ; il y a attention et bonne tenue dans toute l'assistance. J ' e n t e n d s les confessions tous les jours, et je suis occupé du matin au soir. N o s offices sont courts, mais solennels. N o u s avons m u s i q u e à grand orchestre, des c h œ u r s , des voix 1

encore et à peu près aussi contagieuse, couvre tout le corps de plaies rougeâtres comme des dartres vives. « Ajoutez à cela des sueurs continuelles du jour et de la nuit, le fardeau d'une atmosphère qui n'est qu'un épais nuage d'eau tiède qu'aucun vent ne remue [le P. Hus écrit pendant l'hivernage] et les millions d'insectes qui ne laissent pas un instant de répit : les maringouins, les moustiques, les macks, les mouches à dague, les mouches sans raison, les mouches de Cayenne, les chiques, — espèce de petit ver noir qui perce la peau sous la plante des pieds ou dans l'intérieur des mains, s'y fait un nid de la grosseur d'un poids, le remplit d'œufs qui éclosent et s'étendent de proche en proche jusqu'à envahir tout le dessous des pieds en moins de quinze jours ; — le tique, qui est une sorte de pou adhérant à la peau, les pous d'agouti, les fourmis flammans, les fourmis manioc, les fourmis Oyapock, les vers macacks, les araignées crabes, les millepattes, grosses comme le doigt, longues de cinq à huit pouces, les scorpions, les crapauds qui fourmillent, les serpents de toute grosseur, les caïmans et, dans la mer, les requins... Est-ce assez ?... « Jamais on ne sort sans un parapluie, qui est en même temps un parasol. Le rayon de soleil qui perce les nuages peut donner la fièvre cérébrale, ou tuer comme la foudre. » 1

Lettre du 20 juillet 1852.


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