Les jésuites à Cayenne

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CHAPITRE II — L'ILET-LA-MÈRE

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des malades et plusieurs entrèrent en convalescence. Seul, un jeune militaire fut ravi par la mort : ce fut la dernière victime. O n se hâta de l'ensevelir : comme ses camarades, affaiblis par la maladie, étaient incapables de porter le cercueil, on le plaça sur un char, attelé de quatre bœufs ; il était recouvert d'un drap mortuaire dont les coins étaient tenus par quatre soldats. Les officiers avec le c o m m a n d a n t suivaient ce catafalque rustique. Il avançait lentement et faisait de temps en temps une petite halte sur le sentier abrupte du cimetière. Il n'était que sept heures du matin. Le soleil, déjà levé, dardait ses rayons derrière l'Ilet dont l'ombre se projetait dans la mer. O n jouissait de la fraîcheur de la nature ; l'air était calme, nulle brise ne m u r m u r a i t dans le feuillage... Dans ce silence, les chants funèbres retentissaient au loin, le long du rivage. P e n d a n t ces jours d'épreuve, l'aumônier écrivit à son S u p é r i e u r : « Je remercie Notre Seigneur de nous accorder les honneurs du combat à la fin de notre mission. Nous finissons comme nous avons commencé, sous la bannière de la croix ! » Il était prêt à sacrifier sa vie ; mais Dieu se contenta de sa bonne volonté, et le 2 9 novembre 1 8 7 3 après s'être déchargé de ses fonctions entre les mains du P . Guirion de la Congrégation du Saint-Esprit, il quitta la petite Ile où restaient les deux tombes des P P . Boulogne et Houdouin !


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