Les jésuites à Cayenne

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CHAPITRE IV — FRUITS SPIRITUELS

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éprouvent une repulsion profonde, et comme instinctive, pour la société des forçats. Volontiers ils accepteraient la captivité perpétuelle pour être séparés d'une telle compagnie. Aussi ont-ils accueilli avec des transports de joie le système des concessions qui leur permettait de se réhabiliter par un travail honorable, et d'espérer même une vie d'émancipation. Après cette catégorie qui formait à peu près le quart de la transportation, venait la classe des hommes au caractère faible, ou d'une nature mal équilibrée. Soit par défaut d'éducation chrétienne, soit mauvaise habitude, ils ne savent pas se préserver des séductions du vice : seule une discipline sévère peut les défendre contre leurs mauvais instincts. Ils formaient la moitié environ de la colonie. Un dernier quart comprenait les natures perverses, rebelles à toute moralisation, et qu'il eût fallu à tout prix enlever des colonies pour en assurer le succès. Malheureusement telle n'était pas la direction imprimée à l'oeuvre par l'administration. Malgré les recommandations du Gouverneur, le directeur M. ne craignit pas d'entraver l'action des aumôniers. N o u s nous abstenons de reproduire les accusations portées contre lui par les aumôniers attristés; mais nous ne saurions trop déplorer son hostilité manifeste contre toute influence religieuse. Il en voulait surtout à M. Mélinon, et par tous les moyens cherchait à lui extorquer sa démission. A ses yeux il n'y avait rien au-dessus du régime militaire : la discipline du soldat devait suffire à moraliser ces natures perverties ! Q u e faire en présence de ce mauvais vouloir ? Les aumôniers sans se décourager priaient et continuaient à se dévouer ! Une consolation leur r e s t a i t : celle de se réunir tous


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