Les jésuites à Cayenne

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LES JÉSUITES A CAYENNE

Dans leurs courses sur le fleuve, les aumôniers n'étaient pas seulement exposés à être débarqués par les r a m e u r s et abandonnés sur un îlot désert, plus d'une fois ils risquaient de se noyer en traversant les rapides. N o u s avons déjà eu le naufrage du P . B e i g n e r : le Père Berriaud eut le sien et ne dut son salut qu'à la présence d'esprit avec laquelle il se soutint sur l'eau en faisant la planche jusqu'à ce qu'on put venir à son secours. Sur la rive, d'autres dangers attendaient les intrépides missionnaires : ils restaient embourbés dans les fondrières ou bien ils s'égaraient dans les profondeurs de la forêt vierge. C'est ce qui arriva au P . Jardinier : il suivait, monté sur sa mule, un chemin coupé de véritables barricades d'arbres a b a t t u s ; il ne pouvait avec sa m o n t u r e franchir ces obstacles; il la confia donc à un guide et se lança à pied dans le sentier, enjambant avec peine les troncs amoncelés. A un détour du chemin, il se t r o m p a de direction et bientôt il est complètement égaré ! Il marche, marche toujours sous une pluie battante qui le mouille jusqu'aux os et n'ayant d'autre provision en poche qu'une orange et un morceau de pain ! Au bout de plusieurs heures, il arriva sur le bord d'une crique. T a n d i s qu'il se consulte en invoquant son ange gardien, il entend un bruit de r a m e s ! C'était un gendarme qui passait en canot. Il accueillit le Père avec joie dans son embarcation et le ramena à Sainte-Anne, où il n'arriva qu'à la nuit tombante, harassé de fatigue et de faim et grelottant de fièvre !


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