Les jésuites à Cayenne

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§ II LES ILES DU SALUT — L'ILE ROYALE

E

N 1865, le pénitencier de l'Ile Royale était confié aux soins du P . Nicou. Il habitait, à côté de l'église, un modeste presbytère, enclos d'un jardinet, au bas d'une série de terrasses, où les légumes d ' E u r o p e étaient cultivés avec les fruits du pays. Du haut de la galerie, il pouvait contempler au pied de la montagne à pic les vaisseaux se balançant dans la rade et autour d'eux mille embarcations allant et venant dans toutes les directions. Sans être insensible aux charmes de ce spectacle, l'ardent apôtre s'en arrachait volontiers pour se prodiguer tout entier à ses transportés. Nul n'a déployé un zèle plus actif et plus efficace. Il avait le talent d'attirer à lui les condamnés, qui ne pouvaient s'empêcher d'admirer la foi de cet h o m m e de Dieu. Souvent il passait de longues heures à genoux au pied du tabernacle, pour demander à Notre Seigneur la conversion de ses enfants prodigues, et parfois même il passait en prières toute la nuit, prenant un court repos sur les marches de l'autel, comme jadis l'apôtre du Japon. Aussi ses lettres étaient-elles de véritables bulletins de v i c t o i r e : 1

« Sur le rocher où m'a jeté la Providence, écrivait-il, je dirige une paroisse de mille condamnés. Aux yeux de l'administration, ce sont en général les plus mauvais, les plus méchants des t r a n s p o r t é s ; c'est ici qu'on envoie les bandes noires, les incorrigibles, les indomptés. P o u r 1

L e t t r e du mois de juin 1865.


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